Pocket Project IV – Rénovation atypique de maison 70’s ( 69)

Deuxième projet de la famille des rénovations atypiques. La demande émane des propriétaires d’une maison style Ile de France construite vers 78-79 dans une commune proche de Lyon qui nous demandent de transformer la maison actuelle et sa véranda habitée en maison contemporaine et profiter pour s’inscrire dans une démarche de développement durable.

Le style et le fronton sont épouvantables bien évidemment, et notre première réaction est de penser que rien ne peut être amélioré sauf à passer un gros coup de bulldozer. Devant l’enthousiasme des clients à s’engager dans une restructuration radicale, nous finissons par penser qu’au contraire, une intervention ne pourra qu’améliorer la situation de l’existant.

A la manière du projet PP III, il est décidé d’utiliser la zone sous le forget de toit pour surrisoler les façades maçonnées de l’extérieur, dissimuler des volets coulissants, et amener une façade au nu extérieur de la toiture venant rompre, par son matériau, l’image pavillonnaire. La véranda est reconstruite en ossature bois pour ne pas avoir a créer des fondations trop lourdes au niveau de la plage de la piscine existante au dallage en opus incertum de relativement bonne qualité. Elle est unifiée au bâtiment par le matériau de façade continu.

Après plusieurs tentatives pour liaisonner le chéneau et la toiture et former un ensemble cohérent, est apparue une solution simple et qui nous parait résoudre le plus simplement possible l’enjeu de cohabitation d’un socle et d’une toiture surdimensionnée: elle consiste a venir prolonger physiquement le soubassement par un voile en métal micro-perforé tenu verticalement par des bracons légers sur la toiture.

Ce voile semi transparent en fonction de l’incidence du regard et de la lumière de jour / contre-jour permet d’obtenir un filtrage irrégulier de la forme incongrue de la toiture. Cette dernière, traitée dans une même couleur vient se confondre par instants avec la tôle semi transparente et casse ainsi l’image de maison traditionnelle.

Ainsi, dans un cout finalement réduit, il est possible de modifier l’aspect extérieur de la superstructure, qu’une intervention en volumétrie modifiée ne permettrait qu’au prix d’un effort financier certain, au résultat architectural hasardeux et aléatoire ( n’est pas Corbu qui veut en matière de formes architecturales libres, qui sont trop souvent gratuites, fades/vulgaires et rapidement démodées ( cet avis n’engage que moi) ). Finalement un socle en bois brut de sciage peint noir mat vient dialoguer avec une couronne métallique plus fine et plus evanescente selon la lumière. Le projet demande une grosse mise au point technique pour caler la charpente acier / le bois et l’interfacage avec l’existant.

Ca n’est pas un projet simple a concevoir et il aura fallu plusieurs étapes techniques avant d’arriver à cerner la meilleure solution. L’optimisation de la structure acier a en effet pris un temps énorme pour finalement s’affranchir des bracons sur la toiture, source potentiels de sinistres futurs, et a permis de minimiser la quantité de poteaux. Ce fut un gros travail avec l’ingénieur structure!

Le projet est présenté du bas vers le haut pour plus de clarté.

Les poteaux graciles, recouverts d’une peau inox miroir, attendent patiemment la fin des travaux pour révéler leur élancement et leur immatérialité en rupture avec le noir du bois peint

Large terrasse en frène rétifié posé par le client. Elle va faire le tour de la maison sur deux lames pour reprendre sous la coursive d’accès.

L’opacité de la perforation en lumière directe est probante.

La rupture avec le bati pavillonnaire n’est pas totale, c’est depuis le sol que la différence de langage vient transformer la perception de la maison.

Mise en place des sous faces. Les plaques sont calepinées avec celles de la façade. Les poteaux galvanisés visibles (80×80) attendent leur habillage inox poli qui donnera un coté précieux à l’ensemble devant le bardage noir.

On note l’apparente simplicité des couches. Le plus difficile est d’arriver a synthétiser les différents ajouts de matériaux pour permettre l’alignement rigoureux des sous faces finales. L’ensemble est recyclable à 100% ( alu) et anti corrosion. Il manque le polycarbonate qui va être posé en ultime couche en pente sur les deux cornières en U. L’idée étant que la coursive extérieure reste à l’abri de la pluie et que l’eau ne goutte pas à travers les tôles de sous face.

On est très très proche de l’intention de départ. Les embrasures sont finalement traitées sans habillages tolés jugés trop couteux et entrant en conflit avec la superstructure laquée. Sans parler de la difficulté de pose liée a l’absence de possibilité d’accès au vissage arrière!

Les tôles hautes sont presque terminées, les clients avancent au gré de la météo la peinture! Le mat est magnifique ( et ce n’est que la première couche!). Le pigment adhère parfaitement sur le red cedar.

Le fini du laquage usine n’a rien a voir avec un laquage au four sur mesure! En revanche il faut savoir que la face intérieure est couleur alu dans ce cas. On note qu’a priori on va pouvoir se passer de la vis de fixation au centre des plaques ( ouf).On attendra les forts vents d’automne pour savoir si la rigidité est suffisante ( risque de vibrations = bruits)

L’incidence de la lumière matinale transforme la couleur du bardage blanc (RAL 9010)

On laisse comme ça? Les traces noires correspondent au noir passé sur les tranches avant la pose. On pourrait poncer les faces planes pour n’avoir que ces creux. Mais le vieillissement des planches en Red Cedar n’est pas souhaité dans ce projet.

Finalement, ce qui s’avérait difficile a concevoir se réalise sur place par pliages simples de tôles d’aluminium. L’idée et de ne pas tremper les caissonnages et protéger l’isolant extérieur en canalisant l’eau par des bavettes pliées et des cornières formant caniveau. De simples évac en PVC d’évier guideront verticalement l’eau derrière le bardage jusqu’au sol. Sur cette partie ( coursive couverte) on distingue les deux profils a gauche qui vont réceptionner le polycarbonate formant abri ( la sous face en tôle perforée cache tout cet ensemble). La encore, il faut souligner que tout ceci n’est possible que grâce aux deux entreprises exceptionnelles qui font cette façade, le métallier et le charpentier bois).

Transparence voulue. Cette façe deviendra opaque après 13-14 heures environs quand le soleil va tourner au dessus de la face ouest

Vue sur la façe arrière, coté rue, qui donne l’image du projet dans le paysage ( vu de la route)

Le bardage en partie courante est terminée. Reste les tableaux ( jusqu’à 1m de profondeur).

Mise en place de la tôle micro-perforée: un grand grand moment et un immense réconfort: ça marche. L’effet important de variation de transparence, de reflets et le jeu en opposition avec le bois mat et avalant la lumière fonctionne ( ca fonctionnera vraiment quand le noir sera posé). Le temps passé a choisir la perforation et faire des tests n’est pas négligeable mais valait l’effort. Après une semaine de travail, qui s’avère beaucoup plus long que prévu. Les planches étant de largeur variable, le délignage entraîne une déformation longitudinale qui oblige a recintrer les planches en place pour conserver un joint vertical régulier. Premières planches!

L’ossature bois se cale sur la structure métallique parfaitement calée..Les clients passent eux même le pigment sur les tasseaux d’ossature qui permetra de les masquer ( les planches de bardage ne sont pas bord a bord mais avec un joint creux de 4-5mm..il faut donc peindre les tranches avant leur pose! Vaste programme qui pose la famille au bord du chantier!

Red Cedar de l’Arbresle ( local). Pose verticale a joint fin ( 3-4mm max) qui va exiger une mise en peinture des tranches avant la pose . Il n’était pas prévu de Cedar mais plutot un pin simple car le pigment et l’huile de lin protègent efficacement..mais le charpentier n’a pas voulu prendre de risque! Bardage bois en début de pose

Ossature primaire et secondaire posée: test de fixation de tôle alu ( résistance au vent, vibration)…. Seule une vis est en face avant. Les autres sont fixées sur les plis intérieurs.

Coursive couverte de l’entrée

Finition de l’ITE

Mur de façade ouvert sur 4,3m

Naissance d’EP dans la membrane ( moignon PVC).

L’ossature primaire prête a recevoir l’ossature secondaire

Chéneau zingué

Le poteau d’ossature primaire, indispensable pour tenir le bardage est capoté pour éviter tout entrée intempestive d’eau.

Membrane PVC avec forme de pente ( noue) crée par délignage de tasseaux pour bien évacuer.

Le volume de l’extension transformer radicalement l’aspect de la maison.

Le décalage permet au futur bardage bois de venir se prolonger devant la maison existante. Il sera alors tenu par l’ossature acier secondaire en cours de fabrication

Caissons isolés en ouate de cellulose soufflée

Montage de l’ossature bois

La maison change de physionomie et les voisins commencent a s’interroger! ( pas forcément de façon positive!)

Reste a ouvrir le linteau de droite ( 4m20) qui sera repris en sous oeuvre une fois l’extension construite. une méthodologie est mise au point avec le BE structure pour optimiser ce travail et surtout perdre le moins possible de hauteur.

Belle galvanisation. le nu extérieur du bardage bois va filer de l’extension au premier plan jusqu’au poteau situé au fond.

Structure primaire posée/ montage de l’ossature bois une fois la couverture modifiée et les chéneaux réduits et remontés pour ne pas gêner le passage de la structure. On voit que l’ITE a été posé également sur l’étage pour permettre de réaliser le sarking de toiture.

Pour des raisons de timing et d’hiver empêchant de créer les ouvertures principales et l’extension seule la cuisine est modifiée avant l’hiver et ensuite calfeutrée. La véranda est déposée et les dallages extérieurs sont coulés ( non sans mal en raison de la défaillance chronique du maçon qui ne restera pas dans les annales)

Le chantier commence par enlever l’ignoble portique d’entrée

Le chantier démarre!

Structure primaire + secondaire 1 + secondaire 2 + structure finale

Structure primaire + secondaire 1 + secondaire 2

Structure primaire + secondaire 1

Structure primaire

La complexité de la structure métallique ayant entrainé deux projets de charpente, une version finale plus économique et n’ayant pas de contact avec la toiture existante est finalement adoptée. Elle consiste dans la mise en oeuvre d’une structure primaire imposante puis de deux stades de structure secondaire portant ensuite la tôle d’habillage. Une modélisation complète permet de valider la mise en oeuvre complete de l’ensemble et d’expliquer aux entreprises ce qu’elles vont réaliser. Cette étape est nécessaire car le projet est difficilement chiffrable autrement.

Version finale PC en noir. Le pigment forme une couche protectrice très matte venant dialoguer avec la planéité et la brillance des autres matériaux. Les lames de bois en pin brut de sciage et non jointives forment une peau extérieure chaleureuse malgré la teinte austère. La lumière s’y accorche au grès des incidences et des saisons.

Une version en rouge est testée. Le plu proscrivant les couleurs vives, elle ne peut être mise en oeuvre. de plus le coté » en rouge et noir » n’est pas forcément souhaitable sur le long terme..Nous apprécions particulièrement ces pigments dont la mise en oeuvre est particulièrement économique et simple.

Des insertions en tôle laquée forment un dialogue avec le métal microperforé, tout en dialoguant avec le bois noir. Ils seront abandonnés plus tard

Le projet ne gérant pas bien la liaison avec la toiture: il est décidé de n’en garder qu’une partie et d’aborder la question du voile / filtre. Plusieurs versions sont testées pour finalement parvenir à un positionnement aligné avec le soubassement sauf sur l’entrée pour permettre un abri signifiant l’entrée.